Charles Spading meurt dans un village isolé, victime d'une mystérieuse épidémie appelée la "mort noire". Son frère Harry et son épouse s'installent dans sa demeure. Ils se rendent compte qu'une terrible malédiction pèse sur la région...
Avec L'invasion des morts-vivants (1966), John Gilling (L'impasse aux violences (1959)...) avait commencé à diriger des films d'horreur pour la fameuse compagnie Hammer (Le monstre (1955) de Val Guest, Frankenstein s'est échappé ! (1957) de Terence Fisher...). La femme reptile, réalisé aussitôt après, s'inscrit donc dans la grande tradition de l'épouvante gothique typique de cette maison de production. On y retrouve certains de ces plus éminents employés, comme le directeur artistique Bernard Robinson (Frankenstein s'est échappé !, Le cauchemar de Dracula (1958), Le fantôme de l'opéra (1962), tous de Terence Fisher, par exemple...), le scénariste Anthony Hinds (sous son nom de plume John Elder) (La nuit du loup-garou, L'empreinte de Frankenstein (1964) de Freddie Francis...) ou le directeur de la photographie Arthur Grant (La nuit du loup-garou, Le fantôme de l'opéra, et aussi La tombe de Ligeia (1965) de Roger Corman d'après Poe...). Parmi les acteurs, on reconnaît Jacqueline Pearce (L'invasion des morts-vivants...) et Marne Maitland, abonné aux rôles d'orientaux dans le cinéma anglais (Les étrangleurs de Bombay (1960) de Terence Fisher, L'empreinte du dragon rouge (1961) avec Christopher Lee...).
Comme dans les meilleurs films de la Hammer, on admire d'abord l'atmosphère très réussie de La femme reptile. La photographie sombre, toujours dans des teintes reptiliennes brunes et vertes, met en valeur les superbes décors, typiques de cette compagnie, réalisés par Robinson (la maison des Franklyn ornée de nombreux objets exotiques, le marécage, le cimetière...). De son côté, la musique insidieuse et malfaisante accompagne les mouvements de caméra élégants et le montage très maîtrisé de John Gilling. On admire notamment la scène étrange et puissante du concert de cithare donnée par Anna, pendant laquelle une tension croissante s'installe d'une manière particulièrement troublante. Il faut encore saluer la qualité du casting très homogène, notamment la fragile et émouvante Jacqueline Pearce, et Noel Willman, son père pathétique. Enfin, la réalisation et le scénario bénéficient des vertus classiques propres aux meilleures oeuvres de la Hammer : narration solide, mise en scène discrète et rigoureuse, traitement sérieux et adulte des sujets fantastiques...
Toutefois, Le femme reptile a aussi le défaut de ses qualités : à force d'être très classique, il souffre de respecter trop fidèlement certains stéréotypes de l'épouvante gothique. Ainsi, des détails incontournables de ce genre se révèlent surabondants : l'auberge avec ses paysans pittoresques et superstitieux, le final avec son incendie de manoir... Il semble alors que le film, à force de trop coller à ces clichés, laisse de nombreuses pistes passionnantes de son scénario inexploitées (la secte...). En fin de compte, ce léger manque d'originalité rend le récit parfois un peu trop prévisible.
Néanmoins, grâce à sa réalisation élégante, à son ambiance vénéneuse très soignée et à ses interprètes talentueux, La femme reptile reste une des belles réussites de la Hammer.